le village de Sainte-Lizaigne ressuscite son passé viticole

article de la nouvelle république

Publié le 06/08/2023 à 09:00 | Mis à jour le 06/08/2023 à 11:17

Sainte-Lizaigne ressuscite son passé viticole : une première parcelle de genouillet, assortie d’un cabinet de vigne reconstitué, a été créée en 2015.
© Photo NR, Martine Roy

Rebaptisé Vinbon en 1793, le village de Sainte-Lizaigne (Indre), fait peu à peu renaître ses racines viticoles disparues à la fin du 19e siècle, avec le phylloxéra. Une première vigne communale a été plantée en 2015 avec un cépage oublié, le genouillet.

Du glorieux patrimoine de Sainte-Lizaigne, il reste bien peu de traces. Disparu, le moulin à papier, qui a fait de la commune la première papeterie de l’Indre jusqu’au 19e siècle. Effacées, la plupart des fresques du 12e siècle, qui ornaient les murs de l’église romane. Le passé n’est plus. Même les racines viticoles, pourtant profondément inscrites dans l’histoire de ce petit village situé à quelques encablures des vins de l’AOC reuilly, sont longtemps restées dans l’oubli.

Une barrique offerte à Napoléon III

« Notre vin ne devait pourtant pas être si mauvais car il avait valu à Sainte-Lizaigne d’être rebaptisée Vinbon en 1793. Et en 1864, une barrique de vin vinifié à Villiers-les-Roses (lieu-dit rattaché à Sainte-Lizaigne) avait même été offerte à Napoléon III ! », raconte le maire, Pascal Pauvrehomme. Ce passé vigneron s’est éteint au 19e siècle avec le phylloxéra, un petit insecte venu des États-Unis qui décimera en quelques années le vignoble licinien.

Deux siècles plus tard, il renaît peu à peu. Le raisin mûrit à nouveau sur les mille pieds d’un ancien cépage oublié, le genouillet noir, plantés à l’initiative de la municipalité en 2015. Depuis, d’autres vignes ont repris vie à Sainte-Lizaigne. En 2020, la commune a acheté seize autres hectares où ont été plantés 4.000 pieds de genouillet qui forment la « vigne mère » officielle de ce cépage. « Désormais, tous ceux qui veulent développer cette variété, doivent passer par les greffons de cette vigne », explique non sans fierté Pascal Pauvrehomme.

La « cavelle », deuxième loge de vigne recréée par la commune de Sainte-Lizaigne sur une parcelle qui accueille la vigne mère du genouillet.
La « cavelle », deuxième loge de vigne recréée par la commune de Sainte-Lizaigne sur une parcelle qui accueille la vigne mère du genouillet.
© Photo NR, Martine Roy

La reconstruction du passé est en marche. Pour ajouter de l’authenticité à la démarche, des cabinets (ou loges) de vignes semblables à ceux édifiés jadis par les ouvriers viticoles, ont été bâtis. Deux ont vu le jour : un premier, inspiré d’un modèle qui a survécu sur les anciennes terres viticoles du pays de la Châtre ; et un second, de forme ronde, baptisé « cavelle » (contraction de « cabane » et de « javelle » qui désigne les sarments de vignes avec lesquels a été réalisée la toiture). « Le but n’est pas de constituer les 900 ha de vignes que nous avions encore en 1855, mais d e reconstruire une histoire et un patrimoine immatériel qui ont disparu » , explique le maire qui verrait bien, à court terme, sa commune inscrite sur les circuits œnotouristiques.

Les fresques de l’église romane sauvées de l’oubli

Classée monument historique en 1970, l’église romane de Sainte-Lizaigne était ornée de décors peints qui n’ont résisté ni au temps ni à l’histoire. Désignés comme des « figures grotesques » par Monseigneur de la Rochefoucault en 1738, ils furent martelés ou recouverts de chaux avant de disparaître en grande partie en 1954, avec l’effondrement du clocher. Pendant des années, il restera à l’emplacement un trou béant où s’engouffrèrent les intempéries.

Quelques fresques ont néanmoins pu être sauvées et restaurées comme celles situées dans la fenêtre axiale de l’abside où un même personnage féminin incarne d’un côté la Synagogue (et la fin du judaïsme), de l’autre l’Église (avec le triomphe de la chrétienté). D’autres sont partiellement visibles comme le visage du Christ dans la nef. Mais la plupart des anciens décors se découvrent au travers de panneaux où figure la copie des fresques initiales, reconstituées par des peintres et restaurateurs de peintures murales.